Panorama des terrils-refuges à Hénin-Carvin et dans le Pas-de-Calais
1. Terril du 94 (Haillicourt) : orchidées et pelouses sèches
À Haillicourt, près de Bruay-la-Buissière, le terril 94 est un champion de la reconquête végétale. Sa partie sommitale, orientée plein sud, abrite une mosaïque incroyable de pelouses sèches, rares dans le nord. Plusieurs espèces d’orchidées y fleurissent chaque année au printemps :
- Ophrys abeille (O. apifera)
- Orchis bouc (Himantoglossum hircinum)
Ces deux espèces protégées côtoient également la gentiane amère et la scabieuse, montrant que le sol appauvri et la chaleur du schiste profitent à la flore méditerranéenne.
2. Terrils d’Hénin-Beaumont (n°205 et n°206) : oiseaux d’envergure et microfaune
À Hénin-Beaumont, le duo formé par les terrils de la fosse Barrois (classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, source : UNESCO) fait figure d'emblème local. Depuis les années 2000, ces terrils sont suivis par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et accueillent :
- Piverts et pics verts, qui nichent dans les friches boisées
- Faucons crécerelles, souvent vus en chasse autour des escarpements
- Crapauds calamites (Bufo calamita), espèce patrimoniale profitant des flaques temporaires sommitale
Un suivi a recensé jusqu'à 68 espèces d’oiseaux différentes sur le site sur une même année (source : Observatoire BVM, 2021).
3. Terril Sainte-Henriette (Dourges) : du roncier aux reptiles
Celui-ci, audacieusement rectiligne, surplombe Dourges. Sa spécificité réside dans la présence de reptiles :
- Couleuvre à collier (Natrix natrix) : absente des villages environnants, elle trouve sur le terril refuge, proies et chaleur pour s’épanouir.
- Lézard des murailles : gagne du terrain sur les pentes abruptes, profitant des anfractuosités du schiste.
C’est aussi ici que la Société herpétologique du Nord mène plusieurs observations et inventaires chaque année.
4. Terril de la fosse 9-9bis (Oignies) : une reconquête forestière exemplaire
Inscrit au Réseau des Espaces Naturels Sensibles (ENS) du Pas-de-Calais, ce terril montre un exemple avancé de reforestation spontanée :
- Plus de 40 espèces d’arbres et d’arbustes inventoriées par le Conservatoire botanique national de Bailleul.
- Présence rare du Rhododendron hirsute — réchappé de plantations ornementales également devenu abri pour de nombreux insectes.
Au sol, la petite violette odorante et la Primevère officinale profitent de micro-climats boisés.