Où partir en balade éducative autour d’Hénin-Carvin ? À la rencontre des sites naturels accessibles et inspirants

21/09/2025

Des chemins de tous horizons : la mosaïque des paysages du secteur

Le Pas-de-Calais fut longtemps marker par l’extraction minière, puis traversé de routes et d’installations industrielles. Pourtant, en amplifiant la diversité des milieux, l’histoire du bassin minier a dessiné une mosaïque de sites naturels propres à l’éveil et la transmission autour du vivant. Aujourd’hui, le territoire d’Hénin-Carvin s’appuie sur une infinité de milieux de proximité :

  • La trame noire des terrils et leurs pelouses pionnières
  • Les anciennes lignes de chemin de fer requalifiées
  • Des boisements spontanés et des ripisylves collinaires
  • Des plans d’eau, mares et ceintures aquatiques
  • Des friches riches en biodiversité

Chaque écosystème est le support de parcours éducatifs variés, suceptibles d’aiguiser autant le regard du naturaliste amateur que l’émerveillement du néophyte.

Terrils et friches : sentinelles de la biodiversité inattendue

Les terrils sont aujourd’hui bien plus que des héritages industriels : ils figurent parmi les sites d’observation de la biodiversité les plus pédagogiques à l’échelle de la région. C’est notamment le cas du terrils Sainte-Henriette et du bois des Hautois, entre Hénin-Beaumont et Dourges (site classé au patrimoine mondial UNESCO).

  • Richesse faunistique : La combinaison entre pelouse sèche, fourrés pionniers et fossés humides attire renards roux, chevreuils, passereaux (fauvettes, rougequeue noir…), amphibiens, et quantité d’invertébrés rares, dont la Zygène de la filipendule. Les terrils accueillent également près d’une trentaine d’espèces d’orchidées selon les inventaires de la CEN Hauts-de-France (réserves naturelles régionales des terrils, 2022).
  • Accessibilité : Parkings sur site, chemins stabilisés partiellement accessibles aux PMR depuis les entrées principales (côté Auby-Dourges). Prévoir équipements adaptés à la pente et aux sols meubles sur les pistes secondaires.
  • Supports éducatifs : Parcours balisés, panneaux d’interprétation, visites guidées régulières par le CPIE Chaîne des Terrils et la Maison des Terrils de Loos-en-Gohelle.

Les terrils, sentinelles noires ponctuant le paysage, favorisent chez petits et grands une observation patiente de la reconquête naturelle, tout en permettant d’aborder la question de la résilience écologique du territoire.

Bois, ripisylves et forêts urbaines : immersion au cœur du vivant de proximité

Si la forêt domaniale d’Olhain reste la plus vaste de l’Artois (750 hectares), des petites zones boisées à proximité d’Hénin-Carvin offrent elles aussi des cadres précieux à l’éducation nature :

  • Bois de l’Alma (Montigny-en-Gohelle) :
    • Forêt périurbaine de 12 hectares, facilement accessible à pied et en bus (ligne 3 TADAO arrêt “Alma”).
    • Sentiers aménagés, mare pédagogique et espace pour animations (tables, panneaux, modules d’observation des invertébrés du sol).
    • Essences variées (chênes, érables, robiniers) et flore de sous-bois typique (ail des ours, jacinthes, polypodes).
  • Bois des Hautois :
    • Espace de 18 hectares, attenant au terril Sainte-Henriette, très fréquenté par des associations naturalistes et scolaires.
    • Deux itinéraires guidés (l’un sur la flore printanière, l’autre sur l’écologie des sols et arbres pionniers).
    • Observation régulière des pics épeiche, mésanges et chouettes hulottes (source : Atlas de la biodiversité communale, 2023).

Ces espaces forestiers permettent de travailler aussi bien sur la composition des strates végétales, les cycles sylvicoles, les chaînes alimentaires du sol, ou d’improviser de simples veillées nature (bruits du soir, découverte sensorielle, contes autour de l’arbre).

L’eau : rivières, marais et plans d’eau, leviers de découverte

Les milieux aquatiques représentent des axes d’exploration privilégiés – cruciaux pour l’éducation à la biodiversité tant végétale qu’animale. Autour d’Hénin-Carvin, plusieurs espaces humides se prêtent à ces découvertes :

  • La réserve naturelle régionale du marais de la Galance (Dourges) :
    • 56 hectares de roselières, prairies humides et mares temporaires, parcours sur pontons et observatoires en libre accès, zones d’accostage PMR.
    • Site géré par Eden 62, visites spécifiques animées (sorties “grenouilles et rainettes”, “libellules et demoiselles”).
    • Hôte de plus de 140 espèces d’oiseaux nicheurs ou migrateurs recensés (chevalier gambette, locustelle luscinioïde…), 13 espèces d’odonates, et le rare triton crêté (source : INPN, inventaire permanent 2018-2022).
  • Plaine et étang du Raquet (Carvin) :
    • Parcours pédestre de découverte de la biodiversité aquatique et de la gestion des inondations (zone tampon).
    • Panneaux pédagogiques, plusieurs points d’accès adaptés à tout public.
    • Point d’observation sur le cycle de l’eau et ses enjeux sur le territoire.

Friches, pelouses sèches et corridors urbains : des milieux à ne pas sous-estimer

Les friches industrielles ou ferroviaires, si souvent mal perçues, se révèlent des réservoirs de biodiversité urbaine. Leur caractère “dépaysant” stimule le regard éducatif, notamment sur les dynamiques spontanées des espèces.

  • Anciennes voies ferrées (ex : tracé de la ligne Lens-Hénin-Carvin) :
    • Transformation progressive en “voie verte” propice à la promenade à pied ou à vélo.
    • Observation de la biodiversité pionnière (râle d’eau, ascalaphe soufré, orchidées, saules arbustifs récents).
  • Pelouses sèches autour du secteur Billy-Montigny / Noyelles-Godault :
    • Sites non balisés mais accessibles aux promeneurs (prévoir encadrement pour sortie éducative organisée).
    • Forte diversité d’orthoptères, flore typique des substrats pauvres révélant le potentiel de “régénération naturelle” du bassin minier.

Ces sites sont des lieux de questionnement sur la gestion différenciée des espaces naturels communaux et l’importance, souvent insoupçonnée, des corridors écologiques en ville.

Conseils pratiques pour organiser une balade éducative en nature autour d’Hénin-Carvin

Préparer une balade éducative sur ces sites demande quelques précautions et astuces pour rendre la découverte vraiment inclusive et riche :

  • Vérification préalable : Se renseigner auprès des communes concernées ou du gestionnaire du site (Eden 62, CEN Hauts-de-France, CPIE Chaîne des Terrils) pour connaître les conditions d’accès, les recommandations spécifiques (présence d’espèces sensibles, périodes de nidification, chantiers temporaires).
  • Matériel d’observation : Jumelles, loupes, boîtes d’observation, guides nature locaux (citons la remarquable série “Faune et Flore du bassin minier” chez Biotope Éditions).
  • Adaptabilité : Privilégier les boucles de petite distance permettant de nombreuses pauses. Plusieurs espaces proposent également des roulettes de découverte (jeux nature, fiches à télécharger sur les sites officiels), adaptés aux familles et groupes scolaires.
  • Accessibilité universelle : Certains circuits, notamment aux abords de la Galance ou du Raquet, sont aménagés pour l’accueil des personnes à mobilité réduite (chemins larges, pontons, absence de dénivelé).
  • Appui pédagogique : Profiter des animations gratuites ou à tarif réduit proposées régulièrement par Eden 62, la Maison des Terrils, ou en lien avec certains établissements scolaires du secteur (calendrier sur eden62.fr et CPIE Chaîne des Terrils).

Balades à thème : pistes pour rendre la sortie inoubliable

Pour donner un supplément d’âme à l’exploration, rien de tel que de structurer la balade autour d’une question, d’un fil rouge ou d’un “défi nature” :

  • Sortie “ambiances printanières” : Comptage des chants d’oiseaux matinaux, identification des floraisons éphémères (anémones, lilas d’Espagne sur terrils), observation des pollinisateurs en activité.
  • Balade “insectes et petites bêtes des friches” : Approche sensorielle du sol, chasse raisonnée aux invertébrés sous planches et pierres, carnet de croquis d’arthropodes.
  • Exploration crépusculaire : Repérage des chauves-souris (pipistrelles communes détectables vers 21h d’avril à juillet), des papillons de nuit et amphibiens.
  • Parcours “biodiversité cachée” en ville : À la recherche des plantes spontanées, lichens, oiseaux nichant en façade (martinet noir, rougequeue à front blanc) et autres “invités” de l’urbain végétalisé.

Un territoire traversé par les transitions… et par l’envie de partager

Les sites naturels accessibles autour d’Hénin-Carvin n’offrent pas qu’un cadre à la contemplation. Ils témoignent de la faculté d’un paysage à digérer son passé industrialisé, à valoriser ses marges, à faire de chaque interstice un espace de brassage pour la biodiversité. C’est aussi, pour les familles, les scolaires, les curieux, un formidable terrain pour apprendre, s’étonner, prendre soin autrement du territoire.

En se lançant dans une balade éducative, chacun peut trouver matière à réflexion et à plaisirs immédiats : suivre la piste d’un renard, compter les orchidées de terrils ou décrypter le réseau invisible des racines sous ses pieds. Cette pluralité d’expériences, c’est la meilleure source d’ancrage… et de respect renouvelé pour le patrimoine naturel partagé.

Pour aller plus loin : Inventaire National du Patrimoine NaturelEden 62PNR Scarpe-Escaut – Atlas de la biodiversité communale d’Hénin-Carvin.

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