Oiseaux protégés à Hénin-Carvin : notre territoire à plumes surveillées

28/06/2025

Pourquoi des oiseaux protégés ? Définitions et enjeux de la protection

En France, toutes les espèces d’oiseaux sauvages sont théoriquement protégées (arrêté ministériel du 29 octobre 2009 et directives européennes « Oiseaux » et « Habitats »). Cela implique l’interdiction de la destruction des individus, des œufs, des nids, ou de perturber volontairement leur reproduction et leur milieu de vie.

Mais certaines espèces bénéficient d’un niveau de protection renforcé, parfois localement, en raison de leur rareté, de leur vulnérabilité ou de leur rôle écologique clé. On distingue :

  • Protection nationale générale : la majorité des oiseaux, communs ou rares
  • Espèces protégées prioritaires : inscrites en annexes des arrêtés, listées sur la Liste Rouge régionale ou nationale IUCN (UICN France)
  • Espèces concernées par les arrêtés de protection de biotope ou les sites Natura 2000

La région Hauts-de-France, fortement industrialisée et densément peuplée, joue un rôle de refuge pour de nombreuses espèces devenues rares ailleurs.

Petit inventaire : quelles espèces réellement protégées à Hénin-Carvin ?

La trame verte et bleue du territoire, sillonnée de la Deûle, la Souchez, de parcs urbains (parc des Îles, parc de la Loisne), de marais (Marais d’Auby, bassins de décantation) et de terrils (Harennes, Pinchonvalles…), recèle une belle diversité. Focus sur une sélection d’espèces bénéficiant à la fois d’une protection légale et d’un enjeu de conservation avéré localement.

Oiseaux d’eau et des marais protégés

  • La Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus)

    Présente dans les roselières, c’est une migratrice rare et sensible à la destruction des zones humides. Protégée à l’échelle nationale (INPN).

  • Le Butor étoilé (Botaurus stellaris)

    Oiseau rare et difficile à observer, il niche parfois dans les marais relictuels. Classé « en danger » sur la Liste Rouge nationale. Signalé sporadiquement sur les plans d’eau de la Deûle (Oiseaux des jardins – LPO).

  • Le Blongios nain (Ixobrychus minutus)

    Régulier dans le Pas-de-Calais, il trouve dans les friches humides et grands plans d’eau (ex : bassin de la Loisne) de quoi se reproduire. Protection nationale et observation rare sur le secteur (Faune-France).

Raretés forestières et buissonneuses

  • La Sittelle torchepot (Sitta europaea)

    Espèce protégée partout sur le territoire français, elle affectionne les vieux boisements, encore présents dans le bois de Florimond ou le cordon boisé de la Haute-Deûle. Elle participe à la biodiversité forestière locale, bien que menacée par la fragmentation des habitats.

  • Le Gobemouche gris (Muscicapa striata)

    Migrateur discret, en fort déclin, il recherche les bosquets et lisières. Protéger ses sites de reproduction locaux (parc paysager, alignements de vieux arbres) est un enjeu : son effectif a chuté de 20 % en 20 ans dans les Hauts-de-France (Vigie-Nature Muséum).

  • Le Roitelet triple-bandeau (Regulus ignicapilla)

    Très rare hors forêts résiduelles, soumis à la même protection générale, il trouve refuge dans certains parcs arborés vieux de plusieurs décennies.

Habitants des terrils et milieux pionniers

  • Le Tarin des aulnes (Spinus spinus)

    Espèce protégée et irrégulière, elle utilise les bouleaux et aulnes des friches et terrils, notamment l’hiver.

  • La Fauvette grisette (Sylvia communis)

    Moins commune qu’on ne le pense, elle profite des ronciers et fourrés des pentes de terril, habitats fragiles face à l’urbanisation. Protégée à l’échelle nationale.

  • L’Alouette des champs (Alauda arvensis)

    Symbole de la plaine agricole en déclin. Ses effectifs ont chuté de 39 % en 30 ans dans la région (LPO). Strictement protégée, sensible aux changements agricoles.

Espèces patrimoniales et emblématiques

  • Le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis)

    Espèce protégée d’un grand éclat. Régulièrement visible sur la Deûle, le canal de Lens et les bassins de décantation. Très sensible à la qualité de l’eau et à la biodiversité des berges.

  • La Huppe fasciée (Upupa epops)

    Peu connue localement, elle est signalée certains printemps sur les friches à proximité des villages : elle bénéficie d’une protection nationale stricte et d’un suivi en Hauts-de-France.

  • La Chouette effraie (Tyto alba)

    Résidente rare, nichant dans les greniers, clochers et anciennes fermes, elle souffre de la raréfaction des sites de nidification. Figure sur la liste des espèces d'intérêt communautaire (Natura 2000).

Des listes officielles : un cadre évolutif et local

La présence d’une espèce sur une liste de protection varie : nationalement (arrêté ministériel de 2009), régionalement (Listes Rouges ou inventaires ZNIEFF) ou localement (arrêtés de protection de biotope, règlements Natura 2000). En zone urbaine ou périurbaine comme Hénin-Carvin, ce cadre évolue au fil des découvertes naturalistes.

Voici quelques exemples d’espèces signalées, d’après les données open-source :

  • Bruant jaune (Emberiza citrinella), liste rouge régionale
  • Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), zones humides protégées
  • Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes), protégé nationalement
  • Pic vert (Picus viridis), impliqué dans la conservation des vieux boisements

Les inventaires évoluent avec le développement de l’observatoire participatif (ex. : plateforme Faune-PACA, Vigie-Nature, Oiseaux des Jardins).

Habitats sous pression : pourquoi la protection locale s’impose ?

La diversité ornithologique d’Hénin-Carvin reflète la richesse (et la fragilité) des milieux suivants :

  • Roselières et bassins d’orage : abritent rousserolles, hérons, grèbes, réservoir de biodiversité face à l’urbanisation croissante.
  • Terrils et friches minières : refuges insoupçonnés de nombreuses espèces pionnières, font le lien entre zones agricoles et milieux urbains.
  • Bosquets résidentiels et alignements d’arbres : essentiels pour les migrateurs comme le gobemouche gris, la mésange noire, ou la huppe.
  • Berges des cours d’eau : corridors vitaux pour le martin-pêcheur, les bergeronnettes.

L’intensification agricole, l’artificialisation des sols et la destruction des haies représentent des menaces majeures. L'accent local est mis par les associations et collectivités sur la gestion différenciée (fauchage tardif, plantation de haies indigènes, zones de quiétude).

Des oiseaux protégés… mais aussi des gestes à adopter

La meilleure loi de protection reste inefficace si elle n’est pas suivie d’effets sur le terrain. Quelques repères pour la vie quotidienne à Hénin-Carvin :

  • Ne pas tailler les haies en période de nidification (15 mars – 31 juillet), règlementation nationale (Code rural, art. L411-1 à L411-2).
  • Préserver les mares, friches, vieux arbres sur les parcelles privées ou collectives, véritables nurseries pour oiseaux insectivores.
  • Privilégier les fauches tardives dans les espaces verts publics et privés pour favoriser les nichées tardives.
  • Soutenir les initiatives de sciences participatives locales : recensement Faune-France, sorties ornitho associatives (LPO 62, CPIE Chaîne des Terrils, Nord Nature).
  • Sensibiliser au respect des refuges : éviter les dérangements en période de reproduction, en particuliers sur les sites à accès libre comme le parc des Îles ou les terrils accessibles au public.

La trame de biodiversité locale, mouvante à l’échelle d’une décennie seulement, dépend autant du cadre légal que des pratiques quotidiennes des riverains.

Ancrer la connaissance : ornithologues locaux et inventaires participatifs

Ce sont souvent des naturalistes amateurs, animateurs ou promeneurs attentifs qui alertent sur la présence (ou la disparition) d’espèces protégées. À Hénin-Carvin, plusieurs signalements remarquables sont à mettre au compte d’associations et de passionnés :

  • 1997 : premier signalement du Tarier pâtre nicheur sur un terril réhabilité.
  • 2011 : retour ponctuel du Blongios nain sur un bassin restauré.
  • 2020 : découverte d’une colonie de 30 hirondelles rustiques sous une passerelle SNCF, déclenchant un plan de sauvegarde temporaire.

L’envoi d’observations via l’appli smartphone Faune-France, le projet « Oiseaux des jardins » du Muséum national d’Histoire naturelle ou l’offre de balades ornitho par les guides locaux, participe à l'enrichissement continuel de la connaissance… et donc à la protection effective.

Pour aller plus loin : sources, lectures et initiatives régionales

Préserver les oiseaux protégés d’Hénin-Carvin, c’est veiller sur une part sensible de notre territoire, partagée chaque jour entre citadins, naturalistes et usagers ordinaires de la nature. Derrière chaque déclaration officielle, il y a l’histoire d’un site, d’un promeneur et, souvent, d’un émerveillement à renouveler.

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