Les amphibiens protégés trouvés en zone humide d’Hénin-Carvin
De nombreuses données naturalistes, issues notamment des atlas régionaux (GON Hauts-de-France, CEN, SIAE), permettent aujourd’hui de dresser une liste actualisée des espèces protégées vivant ou ayant été recensées dans les marais locaux, mares de terrils et plans d’eau secondaires. Les campagnes de suivis automnaux et nocturnes par baguage ou lamping permettent de valider leur présence chaque année.
1. Triton crêté (Triturus cristatus)
- État de protection : Protégé intégralement en France, inscrit à l’annexe II/IV de la Directive Habitats
- Habitat local : Mares profondes, mares de terrils, sablières, plans d’eau permanents riches en végétation
- Signes de présence : Œufs enroulés dans les feuilles de massettes, parade nuptiale spectaculaire du mâle au printemps
Le Triton crêté est la vedette régionale : il peut atteindre 17 cm et exhibe chez le mâle une crête dorsale ondulée à la période de reproduction. Sa présence signale une belle qualité écologique du site. Plusieurs stations de tritons crêtés sont connues sur des étangs à Noyelles-Godault, Dourges et Hénin-Beaumont (source : Atlas de la biodiversité intercommunale, 2023).
2. Triton ponctué (Lissotriton vulgaris)
- État de protection : Protégé au niveau national
- Habitat local : Pratiquement toutes les mares et fossés, y compris périurbains et agricoles
- Signes de présence : Mâle avec queue ornée d’un filament en période nuptiale
Beaucoup plus discret qu’on ne croit, le triton ponctué reste commun mais en déclin là où les mares se raréfient. Il partage volontiers les petits plans d’eau temporaires avec le triton palmée (Lissotriton helveticus), également protégé.
3. Triton palmé (Lissotriton helveticus)
- État de protection : Protégé en France
- Habitat local : Petites mares, fossés inondés, marais boisés
Il se distingue par une paume de pattes arrière palmée chez le mâle, rarement facile à observer. Sa discrétion s’accommode d’habitat modeste, parfois une simple gouttière d’eau suffit à la reproduction si elle reste non polluée.
4. Grenouille agile (Rana dalmatina)
- État de protection : Protégée en France / Zones prioritaires Natura 2000
- Habitat local : Lisières humides, prairies inondées au printemps, mares bien ensoleillées
- Anecdote locale : Appelée parfois la “grenouille sauteuse”, elle peut bondir à plus de 2 mètres pour échapper à un prédateur et effectue ses pontes en grappes flottantes dès février – souvent la première à annoncer la saison.
5. Grenouille rousse (Rana temporaria)
- État de protection : Espèce protégée
- Habitat local : Prairies humides, marais temporaires, mares forestières
- Anecdote : Remarquée certaines années lors des migrations explosives à la faveur des nuits pluvieuses de fin d’hiver, elles traversent parfois des routes en masse, suscitant plusieurs initiatives bénévoles locales de sauvetage (“Opération crapauds”, notamment à Leforest, Canal Seine-Nord Europe, 2022).
6. Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata)
- État de protection : Protégée, fierté du Bassin minier, espèce remarquée par son cri flûté caractéristique
- Habitat local : Ornières, petites mares temporaires y compris sur d’anciens sites industriels
Son apparition dans le secteur de la Gohelle dès les années 2010 a surpris les naturalistes, car il était jusque-là réputé cantonné aux coteaux calcaires de l’Artois. Sa résistance à certains milieux pauvres ou minéralisés laisse entrevoir un potentiel de colonisation positive des friches reconverties.